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(3)

L’ART DANOIS

CRITIQUES ET NOTES

SUR

L’EXPOSITION DU JEU DE PAUME

en Mai-Juin 1928

P A IU S

(jAUTMER-VILLARS ET O , ÉDITEURS

55

, Quai des Grands-Aiigiistins,

55

1929

(4)

« Ny Carlsberg Fond

K U N S T A K A D E M I B I B L I O T E K

E T S

(5)

TABLE DES MATIÈRES

Pages

Préface... xi

I ntroduction , par M. Paul L éon , Membre de l’Institut, Directeur général des B eau x -A rts... nui

La Peinture danoise,

son évolution depuis le

xviue

siècle, par Karl

Madsen,

Docteur ès lettres, ancien Directeur du Musée national des Beaux-Arts, à Copenhague...io

Revue de ua Pr e s s e... 21

Mrae Dusanne et M. Paul Reumert à l’Exposition danoise .

(6)
(7)

L 'entrée du Musée du Jeu de Paume pendant l’Exposition de l’ Art danois, juin-juillet 1928.

(8)
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^ i 4 } % 4 \

La terrasse du Musée du Jeu de Paume.

(10)

Au fond le Musce du Louvre.

(11)

LaPeinturedanoise

Le jour de l’Inauguration.

M. Gaston Doumergue, Président de la République française, devant la porte de l’Exposition entouré du Comité danois et des Autorités françaises. — De gauche à droite, on voit : M. Jean Chiappe, Préfet de Police; M. Paul Bouju, Préfet de la Seine; M. Charles Masson, Conservateur du Musée du Lu xem b o urg ; M. H.-A. Bernhoft, Ministre de Dan em aik ; M. Karl Madsen, Président du Comité d’organisation; M. Jules Michel, Secrétaire général de la Présidence de la République; M. Paul Léon, Directeur général des

Bea ux -A rts; M. le Président de la République; M. Helge W am b e rg ; Secrétaire général du Comité; M. W il helm Hansen, Commissaire général du Gouvernement danois.

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r x p vj »

D'ART D A F 1 0 I/

rin xvi i i ç yri^CL£

J U / O U A

1900

fWstaa a

Le

30

uh de l’Inauguration.

Après le départ du Président de la République : de gauche à droite, en dehors des personnalités déjà nommées sur la photographie précédente, on reconnaît : au milieu de la photo, M. Edouard Herriot, ¡Ministre de l’Instruction publique et des B ea ux -A r ts, parlan t à M. Paul Guichard, Direct eu r général de la Police municipale. Deva nt la por te à droite : le Ministre de F ra nc e à Copenhague et

Louis Hermite.

Au-dessus des portes on voit l’écusson avec les armoiries danoises peintes par M. Einar Wegener.

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PRÉFACE

L e 9 ju in 1928, le P résiden t de la R é p u b liq u e française, M. Gaston D o u m ergu e, a honoré de sa présence l’in a u g u ra tio n d ’une E x p o s itio n d ’ Art, danois au Musée du Jeu de P a u m e sur la terrasse du J a rd in des Tuileries. C ette E x p o s itio n eut lieu sous le h au t p atro n a g e de M. le P rési­

dent de la R é p u b liq u e et de Sa M ajesté le Roi de D an em ark .

P o u r la première fois, le D a n e m ark a exposé en F ran ce u n aperçu de sa peinture nationale du milieu du x v m e siècle à l’ année 1900.

Il ne p o u v a it m ieux répondre à l’in v ita tio n du G o u v e rn e m e n t français q u ’ en e n v o y a n t des œ uvres classiques de l’ A r t danois.

L ’ E x p o s itio n co m p tait 271 t a b le a u x et dessins au xqu els s’ ajoutaient 10 sculptures, entre autres l’ excellen t bu ste en m arbre de Rertel T h o rv a ld s e n p ar lu i-m êm e, qui ornait l’ entrée de l’ E xp o sitio n . Un c a ta lo g u e contient des renseignem ents très com plets sur les œ uvres exposées.

L ’ accu eil de la critique et du p ublic français fu t la meilleure réco m ­ pense de nos efforts. L a finesse française discerna de suite les qualités artistiq u es et la sincérité de nos peintres.

La présente brochure reproduit une série d ’ articles des critiques d ’ a rt les plus im p ortan ts, précédée d ’ un aperçu de l’ A r t danois p en dan t la période représentée à l’ E x p o s itio n dû à la p lum e si autorisée de l’ historien et critique d ’ art K a r l Madsen. A v e c les reprod uctio ns p h o to grap h iq u es des salles du Musée du Jeu de P a u m e et de la Terrasse des Tuileries où nous avo n s eu la fierté de v o ir flotter nos couleurs, ce tte p e tite brochure conservera le so uvenir de notre E x p o sitio n .

M. P a u l Léon, D irecteu r général des B e a u x - A r t s , a bien voulu écrire la préface et M. A n d ré D ezarrois, C o n serv a teu r du Musée du J e u de P a u m e , nous donne un brillan t essai sur notre art. Ils ajo u ten t ainsi à la reconnaissance que nous leur devo ns de la large hospitalité q u ’ ils nous ont accordée au nom du G o u v ern em en t français.

L ’ E x p o s itio n a pris fin le 7 juillet.

Le Co m i t é Da n o i s.

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INTRODUCTION

Pau M. Paui. LÉON.

Membre de l’Institut, Direc teu r gén éral des Beaux-Arts.

Il y a un an, à C o p en hague, alors que nos m aîtres français décoraient m a g n ifiq u e m e n t les cimaises de la Glyptothèque de Ny-Carlsberg, j ’ observais la foule pressée, silencieuse, a tte n tiv e : des écoliers, des é tu d ia n ts, des jeu nes hom m es ad m iraient, co m m en taien t, discutaien t la b e a u té de nos chefs-d’ œ u v re. .le songeais q u ’ en q u e lq u ’ un d ’ entre eu x naissait peu t-être, à cette heure, l’ appel d ’ une v o c a tio n , que p eut-être s ’ a llu m ait en ces jeu n es intelligences une de ces soudaines lumières qui em brasent l’ Ame pour la vie. Puis, en p arco u ran t C o p enhague où s’ assem blent, se rap p roch en t, s’harm onisent ta n t de formes et ta n t d ’ aspects, où les colonnes an tiq ues s’ allient au b u lb e des clochers, où terrasses et frontons altern en t si heu reu sem ent a v e c les pignons dentelés, je m e disais que cette ville, appelée « le p ort des m a rc h a n d s », est aussi le port des idées. E n fin , é v o q u a n t le v o y a g e que je venais d ’ acco m p lir le long de ces côtes effilées qui p ro je tte n t leurs antennes vers les continen ts voisins, je pensais que le D a n e m a r k archip el et péninsule, sorte de Grèce et d ’ Italie dans celte rude M éditerranée du N ord où se sont jouées; si so u ven t les destinées de l’ E u ro p e , sem blait a v o ir été créé p ou r rap p roch er et pour unir. Peu de mois après, à Paris, l’ E x p o s itio n d ’ A r t danois dans les salles du Jeu de P a u m e m o n tra it une fois de plus co m m en t ce p a y s pénétré p ar tant d ’ influences diverses ne s’ y est ja m ais asservi, com m en t il sait assimiler les grands courants d ’ art étran ger dont, to u r à tou r, les effluves ont caressé ses rivages.

Influence de la F ran ce, fortem ent m arqu ée dans le style des résidences princières, dans l'ordonnance des places p ubliques, dans le caractère des statues. Influence de l’ A n tiq u ité dont les d ieu x et les héros ressus­

cités p ar T h o rw a ld se n ont fait régner A th èn e s et R o m e sur ces rives

de la B a ltiq u e qui ont m a rq u é autrefois les limites de leur empire-

A u milieu du x i x e siècle, tous les ap p orts étrangers disparaissent pour

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faire place à la féconde éclosion d ’ un art vraim ent national. C ’ est vers la lande et le fjord, c ’ est vers l’ h u m an ité plus proche des p êcheurs et des p ay sa n s que se p enchent les artistes. L e u r to u c h a n te intimité»

leur sobriété discrète nous ont émus et charmés. Leurs toiles reflètent le visage, l’ âm e mêm e de leur p ays.

L ’ E x p o sitio n du Jeu de P a u m e a scellé un nouvel anneau d ’ une chaîne séculaire. E n tre F ran ce et D a n e m a rk les échanges d ’idées et d ’ œ u v res ont été ininterrom pus. A u lendem ain de l’ E x p o s itio n de 1888 se fon d ait cette in co m p arable Glyptothèque où se tro u v e n t rapprochées, en une harm onieuse sélection, to u te s les œ u v res capitales qui sont l’ honn eur et l’ orgueil de la statu aire française. A la mêm e époque, la M a n u fa c ­ ture R o y a le de Porcelaine installait ses com ptoirs à Paris, et plus tard , l’autre grande M an u factu re danoise « B in g et G rôn d ah l » su iv a it son exem ple. La p art prise p ar le D a n e m ark à l’ E x p o s itio n du L iv re en x 8 g 4 , puis à la grande m an ifestatio n internationale de 1900 a été excep tion n ellem en t brillante. R ap pellerai-je, en 1909, au palais de G harlo ttem b ou rg, la p résen tation des œ u v res des d éco rateurs français ? R ap pellerai-je l’accueil fait en 1921 à la C o m éd ie-F ran çaise, jo u a n t dans le p restigieu x décor de ces illustres tapisseries qui sym bo lisen t à la fois le génie de nos artistes et les fastes de notre histoire, dans ce palais de C h ristian b org dont les recon stru ction s successives, après plusieurs catastrop hes, m arq u en t l’ énergie d ’ un peuple obstiné à réparer ses désastres ? E st-il nécessaire d ’ in v o q u e r, à l’ E x p o sitio n de 1925, ce rob u ste p a v illo n qui, sur les bo rd s de la Seine, figu rait le Dannebrog ?

Nos d eu x peuples ont pu apprendre quelquefois à leurs dépens q u ’ on 11c choisit pas ses vo isins; m ais on choisit ses amis. P o u rq u o i nous étions amis, disait le philosophe M ontaigne, à propos de L a B o é tie :

« P arce que c’ était lui, parce que c’ était moi. » C ’ est une de ces am itiés profondes, indéfinissables qui un it la F ran ce au D a n e m ark . Puisse l’ E x p o sitio n de 1928 être u n gage, après ta n t d ’ autres, d ’une fratern ité dont l’ art doit dem eurer dans l’ aven ir, comme il le fut dans le passé, un des garants les plus sûrs et des liens les plus étroits.

Pa u l

L É O N .

(17)

LA PEINTURE DANOISE

SON ÉVOLUTION DEPUIS LE XVI1P SIÈCLE

Par Ka r l

M A D

S E N Docteur ès lettres,

ancien Directeur du Musée national des B ea ux -A r ts, à Copenhague.

J u s q u ’ au milieu du x v m e siècle, les meilleurs parmi les artistes qui tra v a illa ie n t au D a n e m a rk y a v a ie n t été appelés de l’ étranger, au x v n e siècle, n o ta m m e n t de H ollande. Ce n ’ est q u ’ après la fondation, en 1754, de l’ A c ad ém ie R o y a le des B e a u x - A r ts , à Copenhague, — av e c com m e professeurs, le peintre suédois Pilo et d e u x grands artistes français, l’a rchitecte Nicolas J a rd in te et le scu lp teu r Jacq u es S aly , — qu e les tale n ts n a tio n a u x com m en cèren t à se faire valoir.

P arm i ceux-ci, Vigilius E richsen sut se faire apprécier en Russie et d e u x autres peintres danois, A b ild g a a rd et Juel, v écu ren t, vers la fin du siècle, à Copenhague, fort estim és com m e artistes et com m e professeurs. C epend an t, A b ild g a a r d , hom m e de h au te culture et d ’ a m b i­

tions élevées, et dont les œ u v res sont em preintes de ses connaissances de l’ art et des littératu res classiques, 11e p o u v a it prétendre à la mêm e p o p u larité que Juel, qui se bo rn ait à peindre ce q u ’ il v o y a i t de ses propres y e u x . Nous lui devons, néanm oins, un nom bre très considé­

rable de bons portraits, ainsi que les premiers p ay sa ges v é rita b lem en t

danois. T ou tefo is, c ’ est E c k e rs b e rg qui est le fo n d ateu r proprem ent

dit d ’une école de peinture danoise n ettem en t caractérisée. Son a p p re n ­

tissage dans l’ atelier de D a v id e x a lta en lui le besoin inné de la plus

m inu tieuse e x a c titu d e dans l’ étude de la nature et l’ aspiration à rendre

les couleurs a vec justesse et la lum ière a v e c éclat. L a fidélité qui

caractérise la facture de ses p ortraits, de ses études de R o m e, de ses

p ay sa ge s danois et de ses nom breuses marines, il l’ exigeait égalem ent

de ses élèves. 11 leur disait : « 11 n ’y a q u ’ un modèle, c’ est la m erveilleuse

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création du bon Dieu, la n atu re éternellem ent belle. » Il leur enseignait que la v a le u r artistiq ue d ’un ta b le a u ne dépend nullem en t de son sujet, et il leur reco m m an d ait d ’ étu dier a tte n tiv e m e n t et m inutieusem ent ce qui était le plus près d ’ eux. E n effet, ce qui était proche d ’ e u x fu t to u jo u rs ce que leur cœ ur a le plus chéri. L a peinture danoise a réalisé ses plus belles œ u v res dans ce que nous appelons a u j o u r d ’ hui la p ein ­ tu re intim e. C ’ est là en m êm e tem p s sa gloire et sa lim itation .

Il y a, chez tous les meilleurs élèves d ’ E ckersberg, une chaleur de sentim ent dans l’in terp réta tio n de sujets familiers, m odestes et so uvent humbles. Ceci est v ra i su rtou t p ou r Christen K ô b k e . C ’ est u n cœur simple, un naïf, dont l’ àme candide préfère le chez soi à to u te s les m erveilles du m onde. Il se tro u v e p arfaitem en t h eu reu x en peignant, pour son propre plaisir, de petits p o rtraits finement ex écu tés de ses chers parents, de ses frères et sœurs, de la petite fille pour q u i H. C.

A ndersen écrivit son conte L es fleurs de la petite Id a , de ses bons amis et b ra ves cam arades, tel le p ortrait du p ay sagiste se reposant dans son atelier, où, près d ’un pot de lierre, le verm illon d ’un p etit étui fait un effet ch arm an t. Ses p o rtraits ont la m êm e e x a ctitu d e, la m êm e honn êteté que ceu x d ’ E ckersb erg, m ais ils sont plus libres et plus élégants dans leur factu re, moins peinés p eu t-être que ceux-ci. Cela est dû sans doute à l’influence du spirituel p o rtraitiste C. A. Jensen, qui sa v a it donner une caractéristiqu e très frap p an te et très v iv a n te de ses modèles, comme, p ar exem ple, dans son p o rtrait de la belle Mme H ohlenberg ou dans celui de H. C. A ndersen. D ans ses p ay sa ges, K o b k e a peint le plus so u ven t les fau b o u rgs de C openhague, très ch am p êtres à cette époque-là ; à quelques pas de la dem eure de ses p aren ts se tro u v a it le lac de S o rted am , où il a v u , un jo u r, d e u x femmes a tten d re le retour d ’une barqu e. C epend an t, il a fait égalem ent quelques peintures du beau ch âteau de F rederiksbo rg, détru it p ar l’incendie en i 85 g, mais

reconstruit depu is; il a tiré de là les motifs de p a n n e a u x décoratifs p our une salle à m anger, dont la grande simplicité de la com position ne m an q ue pas de hardiesse. U n v o y a g e q u ’il fit en Italie n ’ a p p o rta pas g r a n d ’ chose à son art, et, à son retour, il déclara que les pâtis co m m u n a u x de C op en h agu e lui étaient plus chers que la Cam p agne.

Ses dernières esquisses de C o p en h agu e sont peut-être les plus belles : des tons très d o u x , gris, v e r t pâle, rouge, rose, lui suffisent p o u r créer des harm onies exquises.

P o u r tous les élèves d ’ E ck ersb erg , le v o y a g e en Italie était le grand

(19)

LA PEINTURE DANOISE

17

évén em en t de leur vie d ’ artiste. B en d z, qui a v a it déjà p ein t plusieurs b e a u x t a b le a u x de ses cam arades au tr a v a il ou se repo san t, m ourut au cours d ’un v o y a g e à R o m e. C ’est dans cette ville que K o b k e , R o r b y e , et ta n t d ’ autres eurent le b o nheur de rencontrer T h o rv ald sen . C o n s­

t a n tin H ansen et R o ed peignirent en Italie, dans le style d ’ E ckersb erg, de belles études d ’ après les m onum ents. C o n stan tin H ansen se d o c u ­ m e n ta égalem ent, à P o m p éi et à Naples, en v u e de la décoration, a v e c des sujets tirés de la m y th o lo g ie grecque, du v estib u le de l’ U n iversité de Copenhague. M arstrand, qui peignit dans ses prem ières toiles, en lidèle disciple d ’ E ck ersb erg , la vie de C op enhague, fut si fortem ent impressionné p a r le n aturel et la beau té de la vie pop ulaire en Italie, q u ’à son reto u r il v it so u ven t sa ville natale sous l’ aspect triste q u ’il a exp rim é dans une étude représentan t un convoi funèbre chem inant un jo u r d ’h iv er p lu v ie u x et morose à trav ers les rues de C openhague.

M arstrand est, p arm i les peintres danois, celui qui a le ta le n t le plus gran d et le plus varié. Ses croquis et ses dessins m o ntren t une infinie richesse de m otifs. Ce sont des scènes de la vie en Italie, au D an em ark , en Suède, des sujets tirés de la littérature, n o ta m m e n t de H olberg, le gran d émule danois de Molière, du D on Quichotte, de l’ histoire de D a n e ­ m a rk , de la Bible, car, bien q u ’ il m anifeste la p lu p art du tem p s un esprit ironique, il peu t égalem ent être g rav e et m o ntrer b e a u c o u p de cœur. Mais, lo rsqu’il s’ agissait p ou r lui d ’ a ch ev e r ses ébauches a v e c le soin et les détails que son époque exigeait, sa m ain d e v e n a it lourde et fa tig u ée; il le sentait lui-m ême et cela le rem plissait so u ven t d ’une p rofonde tristesse; il dit un j o u r : « Je ne sais pas peindre, je n ’ ai jam ais appris à p eindre; m on Dieu, que ne suis-je né en F ra n c e ! »

Il ne p o u v a it a p p ro u v e r com p lètem en t l’in v ita tio n que l’ historien d ’ art H o y e n adressait a u x artistes danois de seulem ent se consacrer à une étu de app rofon die du p ay sa ge danois et de la vie populaire danoise, afin de donner à l’ art du D a n e m ark un caractère essentiellement national. C epend an t, vers l’ époque 1840 à i 85 o, tous les meilleurs des jeunes peintres se rallièrent a u x idées de H oy en . Le p a y s a g e danois fu t in terp rété p a r L u n d b y e , P. C. S k o v g a a r d , D re y e r et K y h n ; L u n d b y e d e v in t égalem ent anim alier, dans l’ esprit des v ie u x Hollandais. Le sentim ent national a v a it été éveillé déjà p ar les poètes et il se tro u v e raffermi p ar la guerre victorieuse de i 848 - i 85 o. Une co n stitutio n d ém o cra tiq u e a v a it été in tro d u ite en 1849, et les peintres Sonne, E x n e r, D alsgaard et V erm ehren tro u v è re n t des sujets a tta c h a n ts dans la figu-

La Pe i n t u r e d a n o i s e ;j

(20)

ra tio n de la v ie des p ay san s, tan dis que seuls qu elques rares artistes cherchèrent à se conform er a u x v œ u x q u ’ exprim ait H ô y e n de v o ir repré­

sentée la m y th o lo g ie nordique.

L a peinture que l’ on a l’ h ab itu d e d ’ app eler la peinture « n atio n ale » danoise é v ita it soigneusem ent to u te influence de l’ étranger. D e n o m ­ b r e u x peintres allem ands de l’ époque un p eu antérieure, et qui ont été remis à l’ honneur de nos jours, a v a ie n t fait leur éd u cation artistiq u e à C o p en h agu e : R u n g e, de H a m b o u rg , com m e élève de Juel, d ’ autres d ’ E ckersb erg. Plu s tard , qu an d les peintres danois tra v ersa ie n t l’ A lle ­ m ag n e p ou r aller en Italie, ils regardaien t a v e c mépris les peintres rou tiniers des écoles de peinture de D u sseldorf et de M unich : ils étaient persuadés que, pour eux, il n ’y a v a it rien à app rendre à l’ étranger.

Q u an t à la peinture française, elle était pour ainsi dire to ta le m e n t inco nnue au D a n e m a r k ; H orace Y e rn e t en était considéré, n a ïv em en t, co m m e le plus gran d m aître. Or, il est d a n g ereu x p ou r les artistes d ’un p etit p a y s de prétendre se suffire. P e tit à p etit, il se p ro d u isit, aussi bien p o u r les p eintres de genre que p ou r les peintres de figures, une période d ’ am oindrissem ent. L a d im in u tion du sentim ent artistiq u e s’ accen tu e de plus en plus, et des trad itio n s d ’ E ck ersb erg , il ne subsiste guère autre chose que la m inutie de l’ exécutio n. Q uelques peintres ch er­

chèrent de nouvelles inspirations et devinrent très populaires p a r des œ u v res assez im p ortan tes, mais ce n ’ est q u ’ a v e c la génération de p eintres dite de 1880 que la peinture danoise connu t une v é rita b le renaissance.

P a rm i ces peintres, il y eut K r ô y e r qui a v a it, de m êm e que T u x e n et

plusieurs autres peintres des dernières années p récéd an t 1880, co m ­

plété ses études à Paris, où il a v a it été l ’ élève de B o n n a t. K r ô y e r d evin t

professeur dans une de ces écoles de peinture qui furent créées en

opposition à l’ A c ad ém ie R o y a le des B e a u x - A r ts , qui se m o n tra it, à

cette époque, ennemie des nouvelles aspirations chez les jeu nes. A

p art une certaine influence des impressionnistes chez T h. Philipsen,

ainsi que les recherches de J. F. W illu m sen vers de to u tes nouvelles

formes, nous ne v o y o n s guère, ju sq u e chez les to u t modernes, d ’influence

de l’ étranger sur les nouvelles générations de peintres ; celles-ci reprirent,

a v e c de n o u v e a u x m oyens, a v e c plus de fraîcheur et de force les anciens

sujets : les p ay sa ge s du D a n em ark , la vie de son peuple, la vie fam iliale

de l’ artiste. L e m énage peintre A n c h e r se fixa à S kagen , p etit b o u rg

de p êcheurs à la pointe septentrionale de la p resq u ’ île du J u tla n d ,

v isité en été p ar de n o m b re u x autres peintres, parm i lesquels K r ô y e r

(21)

LA PEINTURE DANOISE

9

et le N o rv ég ien Christian K ro g h . H ans S m id th se consacra à la peinture de la p op u latio n des landes ju tlan d aises, R in g à celle des p ay san s de Seeland, et l’île de Fionie eut sa propre école. T o u tefo is, Ju liu s Paulsen, peintre de Fionie, fixa son domicile dans la capitale. Depuis Juel, les peintres danois ont so u ven t représenté leur propre home, mais personne n ’ a réussi à rendre de façon aussi p arfaite que V ig g o Johansen l’ atm osp hère d ’un foyer, il nous fait assister au x scènes les plus intim es de la v ie de famille.

E n 1888, une gran de expo sition eut lieu à C op enhague. A côté d ’ œ u v res d ’art des trois p a y s Scandinaves, et sur l’in itia tiv e du b r a s ­ seur Cari Jaco bsen, fo n d ateu r de l’ ad m irab le G ly p to th è q u e de C o p en ­ h ague, on exposa de la peinture française m oderne, que le p ublic danois connu t ainsi pour la prem ière fois. D ans une de ses toiles, K r ô y e r a représenté le Com ité d ’ organisation français de cette exposition. Celle-ci a ttira à C op enhague u n grand nom bre d ’ artistes et d ’ am ateu rs d ’ art français. E t pour la première fois, la p ein tu re danoise fu t, dans les articles de M. Maurice H am el à la Gazette des B ea u x-A rts, le sujet d ’une m ention détaillée et s y m p a th iq u e en Fran ce. D éjà l’ année précédente, j ’a v a is eu la visite de l’ excellen t critique T héod o re D u ret. Son atten tio n fut im m éd iatem en t attirée p a r une p etite peinture accrochée au m ur de m on cabinet de tra v a il, une étude d ’ après une fillette tuberculeuse, p ar V ilhelm H am m ershôi. Il désira to u t de suite connaître ce peintre original et l’ encouragea v iv e m e n t à exposer une collection de ses œ uvres à Paris. Ce n ’ est q u ’ a u jo u r d ’hui qu e s’ est réalisé le désir de D u ret : l’ exposition du Jeu de P a u m e offre une excellen te occasion de faire la connaissance de ce p eintre très personnel. Il cherche seulement des effets de la plus grande simplicité. Il a une o p tiq ue à lui et se con­

ten te d ’une gam m e très restreinte, de ton s très doux. Ses portraits, p a r exem p le celui de sa mère ou celui de sa fiancée, reflètent la sensi­

bilité, la douceur et la m élancolie de l’ artiste lui-même. Il évite la foule et se com p laît en é tu d ia n t la b ea u té et la tristesse des v ie u x c h â te a u x comme le ch âteau de K ro n b o rg , a v e c ses to its patinés de v e rt, ou bien il se retire dans le silence de sa demeure, q u ’ il a soin de fixer dans quelque vieille m aison dans le style sobre de la fin du x v m e siècle. Il sait en tirer des sujets de t a b le a u x distingués et ch a r­

m an ts, mêm e s’ il laisse, assez so u ven t, la pièce rester co m p lètem en t vide.

Il est rela tiv em en t rare que la peinture danoise se soit fait rem arquer

dans le dom aine des sujets historiques ou bibliques. Z a h rtm a n n a

(22)

cherché à donner un e peinture intim e de la vie de l’infortunée prin­

cesse L éonore Christine et une im age véridiq ue de sa noble personnalité.

P a r sa foi dans la h a u te destinée de l’ artiste et p ar son respect de l’in dépen dan ce individuelle chez les peintres qui s’ écartaien t de la route co nventionn elle, il d evin t un p récieu x m aître pour les jeunes qui fréq uentaient l’ académ ie libre q u ’ il dirigeait, c ’ est-à-dire p ou r toute l’ école de Fionie com m e on l’ appelle et à laquelle se ra tta c h e n t les peintres P a u l Christiansen, S y b erg , P e te r Hansen, Jo han n es Larsen et le Copenhaguois K a r l Schou. L e plus grand nom bre de leurs toiles, ainsi que la partie la plus im p o rta n te de l’ œ u v re d éco rativ e de Joachim S k o v g a a r d , — entre autres ses grandes fresques de la cathédrale de V ib o rg — sont postérieures à l’ an igo o .

A l’ entrée de l’ exposition se tro u v e un b u ste, a u x tra its nobles et b e a u x , représentan t le p o rtrait fait p a r lui-m ême, du gran d sculpteur danois T h o rv ald se n . M alheureusem ent, il n ’ a pas été possible de m ontrer, dans cette exposition, u n ch oix intéressant de ses œuvres.

P a rm i les rares sculptures de l’ exposition, figurant u n iq u em en t à titre de décoration, les plus originales sont quelques œ uvres de Jerich au , qui a b an d o n n a déjà le sty le de T h o rv ald sen . C e u x qui ont v u , à l’ E xp o sitio n des A r ts décoratifs à Paris en i g 25 , les reproductions p a r nos m a n u fa c ­ tures de porcelaines de certaines œ uvres de Jean G au g u in et de K a i Nielsen, scu lp teu r de grand ta le n t, mort p rém atu rém en t, se rendront co m p te com bien les œ uvres de T h o rv a ld se n diffèrent de la sculpture danoise moderne. Il fa u t a tten d re q u ’une prochaine expo sition vous m ontre les affinités de l’ art danois a v e c les nouvelles directions. L ’ e x p o ­ sition actu elle ne v o u s fait co nnaître que le passé, et ne v o u s le fait connaître q u ’im p arfa item en t ; cep en d an t, lorsque nous avo n s limité le ch oix des œ uvres à celles qui sont les plus m odestes, les plus terre à terre, nous croyons a v o ir m o n tré néanm oins la peinture ancienne danoise dans ce q u ’ elle a de plus caractéristiqu e et de plus beau, c’ est- à-dire dans ce qui tra d u it le m ie u x le caractère de notre peuple, son a tta c h e m e n t au p ay s, au foyer, et sa v o lo n té de faire respecter, dans le dom aine de la p ein tu re com m e dans tous les autres, l’indépendance du D an em ark .

Kaiu. MADSEN.

( Revue de l ' A r t, juin et juillet-août 1928.)

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R E V U E D E L A P R E S S E

Le lecteur aura lu plus haut l'article de M . Karl Madsen, le célèbre historien d'Art danois, devant qui s'inclinent avec respect spécialistes et connaisseurs. Seul il pouvait, avec cette grâce familière, exposer le développement de la peinture de son pays que nous avons eu l'honneur de montrer à Paris. L ’Exposition du Jeu de Paume a pu réussir grâce à sa compé­

tence et à ses conseils, grâce encore à l'autorité de M . Wilhelm Hansen, le grand collectionneur de Copenhague, l'initiateur de VExposition d'Art français, si importante du printemps dernier. S. E. M . H .-A. Bernhoft, ministre de Danemark en France, M . F . Graae, directeur au ministère de VInstruction publique à Copenhague, ont aussi apporté un appui décisif à une entreprise à laquelle M . Helge Wamberg, de la légation à Paris, s’ est attaché avec un talent et un zèle qui méritent un hommage particulier de la part de celui qui, du côté français, en eut la responsabilité.

La presse française a salué comme il convenait cette manifestation d’ un pays auquel nous attachent des liens d'amitié fort anciens. Dans quelques hâtives notes journalistiques nous avons essayé de renseigner les amateurs sur des artistes peu connus de la plupart d’entre eux.

Ces articles que nous avons publiés dans /’ Illustration, dans la Revue de l’A rt, dans le Figaro illustré, détachons ce dernier, paru dans le numéro du 28 juin 1928. Que nos amis danois pardonnent ses insuffisances et qu'ils acceptent l’expression de notre gratitude pour les joies que nous leur devons.

Andhé D E Z A R R O IS.

M. A ndré De z a r r o i s, L e Figaro artistique, le 28 juin et le

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ju ille t 1928 : F a isan t suite a u x expositions qui se sont déroulées depuis la fin de la guerre au Musée du Jeu de P aum e, l ’art danois est à l’ honneur sur la terrasse des T uileries.

On nous a reproché de faire succéder à une m anifestation com m e la dernière exp osition d ’a rt belge indépendant, celle-ci calm e et sage. N otre m étier, m étier d ’enseignem ent, é ta n t de m ontrer le développem ent des É coles et l ’enchaînem ent des style s, seul nous intéresse le point de vue de l’historien de l ’art. A u jo u rd ’ hui donc est révélée à P aris, depuis ses origines ju sq u ’au début du x x e siècle (*), la peinture d ’un noble p e tit p ays a tta ch é à la F ran ce par des liens d ’am itié anciens et forts.

j1) Les représentants des tendances contemporaines auront leur tour quelque jour, nous l ’espérons bien.

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Les origines de la peinture au D an em ark sont récentes. A u delà de d eu x siècles en arrière, on ne rencontre plus que des artistes appelés de l’étran ger et en qui, à ju ste titre , les Danois refusent de v o ir des ancêtres.

E n 1754, Frédéric V fonde l ’A cad ém ie des B e a u x -A rts et fa it ap p el pour la diriger à un excellent sculpteur de chez nous, Jacques S aly, son com patriote Jard in d even an t l ’in ten dan t des b âtim en ts du R oi. C ette grande date nous associe, en quelque sorte, au destin de l ’art en ce pays.

L ’A cad ém ie v a faire éclore les prem iers m aîtres, te l Jens J u e l; E rich sen qui l ’a v a it précédé vé cu t su rtou t à l’étranger, notam m en t en R ussie, où il eut du succès et p eignit le p o rtra it de la G rande Catherine à ch eval, exposé ici. Il ne re v in t à Copenhague com m e peintre de la Cour, q u ’à la fin de sa v ie . Jens Juel, au contraire, qui finit professeur en cette A cad ém ie où il a v a it été élève, après avo ir a ch evé d ’apprendre son m étier à R om e, à Paris et à G enève, est un artiste doué, que l ’on suit bien dans la douzaine de p ortraits qui, de 1765 à 1800, m ontrent l ’évolu tion d ’un talen t où l’on sent m aints souvenirs de Chardin à B o illy.

Cet ancêtre de la peinture danoise prem ier p o rtraitiste de l ’ É cole, et qui eut un v if succès est su ivi par un homm e, A b ild gaard , à la fois peintre, sculp teu r, archi­

tecte et décorateur dont l ’influence de théoricien et de professeur sem ble avoir été beaucoup plus grande que celle du p ein tre; les quelques scènes m yth o lo ­ giques exposées à Paris ne nous tou ch en t plus guère.

Il fa u t lui savoir gré d ’avo ir form é à ses débuts un T h orvald sen , aussi célèbre vo ici cent ans que le fu ren t C anova et D avid ; T h orvald sen ap p rit au monde artistiq u e q u ’on p o u va it être Danois et... devenir un M aître.

Qui n ’a pas m édité dans son musée (qui est aussi son m ausolée) ignorera toujours que ce génie froid, au m étier de virtu o se glacé par l ’académ ism e, s’est parfois profondém ent ému. On ne le jugera pas ainsi au Jeu de P aum e, l’adm inistration de son musée n ’a y a n t sans doute pas jugé u tile cette réh ab ilitatio n (1), m ais on adm irera la tê te noble et com me inspirée, se dégagean t sur le bas-relief de Y Entrée d’Alexandre à Babylone (exécuté pour le palais de N apoléon à Rom e) q u ’ Eckersberg a peint de lui, en 1814. E ckersberg est considéré com m e le père de la peinture danoise. É lè v e d ’ A b ild gaard et de D a v id , chez qui il v in t tra v a ille r -— encore un lien de p a r e n té — -il fa u t le féliciter d ’a v o ir conservé, entre d eu x m aîtres si redou­

tab les, sa personnalité.

Un jou r, en sortan t de l’atelier, com m e il s’est délassé gentim ent, honnêtem ent

l1) Bissen, autre sculpteur de talent, n’est pas mieux représenté. Quant à l’art décoratif, civil ou religieux, ou à l ’art populaire dont nous aurions désiré montrer quelques exemples choisis qui eussent accentué le caractère en quelque sorte national de cette exposition, nous n’avons pu les obtenir. Souhaitons à beaucoup de pouvoir aller les découvrir dans les riches musées et châteaux royaux de Copenhague où on les conserve jalousement.

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LA PEINTURE DANOISE î

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à cette partie de diabolo sur la terrasse de M eudon ! R en tré en son p a ys, avec quels soins n ’a-t-il pas peint dans leurs plus b e a u x atours ce négociant N athanson, fier, et sa fem m e Esther, to u te frém issante encore, reven an t d ’une audience de S. M. Frédéric V I et re tro u va n t leurs enfants qui s ’arrêten t dans leur ronde éch evelée, ém us eux-m êm es !

V o ici le tab lea u typ e de la prem ière peinture danoise. S ’il fau t féliciter le gou ver­

nem ent français d’en avo ir fa cilité l ’en voi, au musée de Copenhague, après la guerre, quel « échantillon » n ’eût-il pas été au L ou vre, a vec un de ces p etits paysages forêt, plaine, ou m arine q u ’ E ckersb erg a laissés et dont le charm e opère pour le visiteu r p a tien t, comme il opère plus certain em ent encore avec Christen K o b ke, m ort to u t jeune en 1848. Ce p e tit m aître exquis a peint quelques parents, quelques am is, sa m ère, la boulangère, son père, le boulanger, et leur hum ble m aison, avec le jard in e t b an al. S ’il fallait choisir, K o b k e serait notre p référé; tou te l ’ âme pure du D an em ark est en lui. Cette âm e, on la tro u ve encore, sous un aspect bien peu différent, dans un p etit ch ef-d ’ œ uvre q u ’il fa u t situer non loin de D avid , le por­

trait de M me B . Hohlenberg de C. A . Jensen, p e tit m aître non moins gracieux, qui a aussi peint Andersen, l ’auteu r des fam eu x Contes. Le tem ps nous presse d éjà et des élèves ou des successeurs d ’ E ckersberg, il ne fau t plus citer que C. H ansen ou V . Bendz (m ort à 28 ans) ou J. R oed ou M. R oerbye.

A p a rt se classe W . M arstrand (encore un élève d ’ Eckersberg) très estim é au D an em ark et qui n ’a peut-être pas été goûté à Paris com m e il le m éritait. Son œ uvre très v a ste et d’ailleurs assez inégale affirm e cependant un ensem ble de q u alités rares et prim esautières. Il a de l ’hum oriste et du satiriste ; il é ta it digne de s’allier à H olberg pour illu strer les com édies de ce grand a u te u r; dans ces m om ents-là, il fa it songer à H ogarth com m e à d ’autres instants à G a va rn i;

dans son Convoi funèbre, il y a même la tristesse profonde d ’un D aum ier.

D ’ailleurs l ’influence saine d ’ E ckersb erg s’évapore de plus en p lu s; les évén e­

m ents p olitiques poussent au réveil d ’un passé m illénaire, qui fu t g lo rieu x; on rêve d ’une peinture nationale q u ’ E ckersberg, K obke et leurs disciples avaien t d éjà réalisée, sans y vou loir prétendre.

Le résu ltat n ’est pas e x ce lle n t; il y a com m e une période m orte; quelques noms su rnagent, L u n d b ye (il m eurt à 29 ans p our l ’indépendance du Slesvig) et P eter S k o vg a ard qui nous révèlen t a vec plus de bonheur que leurs ém ules la cam pagne et le peuple danois. C. D alsgaard, peintre du J u tla n d , D . D reyer, J. E xner et su rtou t V . K y h n sont encore les typ e s de ces p aysagistes n a tio n au x et lo ca u x dont les successeurs, heureusem ent, vo n t rén o ver le genre et rendre à l’ É cole sa vigueur.

P . S. K ro y e r revien t se m ettre à celle de la France ; cet élève de B o n n at, ami d ’ A lb e rt B esnard, a fait m ieu x pour sau ver sa m ém oire que l ’ensem ble des por­

tra its des membres du Com ité de V E xposition française à Copenhague en 1888, que par un hom m age tou ch ant, nos am is danois ont tenu à exposer. C ’est sans doute lui qui a le m ieux trad uit les effets du crépuscule et la beauté des jours d’été

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finissant, sur les plages ou sur la m er de son p ays. Une vé ritab le colonie de peintres s’é ta it établie, com m e lui, à S k a g e n ,à l ’extrêm e pointe de Ju tlan d , M ichael A nch er et sa fem m e A nna A nch er, peintre des pêcheurs de S k agen ; H an s S m id th , L. A . R in g, peintre des p aysan s du Seeland com m e le fu t L. Sonne, l’auteu r des fresques du musée T horvaldsen. F. S yb erg, P eter H ansen, J. Larsen (celui-ci spécialiste d ’oiseaux de mer), J. Paulsen nous ont peint les beautés de la Fionie.

Le plus doué peut-être est T h . P h ilip sen , qui d écouvrit l ’im pressionism e à Paris et qui, reven u dans son p a ys, d evin t le peintre célèbre des tro u p e a u x de l ’île désolée de S alth o lm ou de la forêt de D yreh aven , près de Copenhague. Tels sont, en courant, hélas ! les nom s de ces paysagistes qui ont exploré en tous sens la terre danoise depuis quarante ans et créé le m ouvem ent auq uel se rattach e encore V. Johansen. C. Z ah rtm ann (qui eut une forte influence de professeur), fa it excep tion pour s’être a tta ch é a u x sujets historiques où s’est essayé aussi L . T u xen , autre élève de B onn at, dont la froideur et le convenu académ iqu e n’ont pas em pêché le succès. J. S k o vg aard , fds du p aysagiste, est une excep tio n plus grande encore; unique peintre relig ieu x p arm i ses ém ules, ses fresques, de la cathédrale de V iborg dem eureront l ’une des grandes pages de l ’art danois.

P arm i ces isolés se range V. H am m ershôi, à qui une salle entière a été consacrée au Jeu de Paum e. Il est peut-être le seul ici à donner une im pression de génie.

E n to u t cas, il nous tou ch e v iv e m e n t. P ar sa sim plicité, il est bien de sa race, mais com m e il m onte h aut ! Du noir, du gris, du blanc, trois notes, dont il com pose une m ystérieuse chanson — si douce ! Des p o rtraits estom pés et profonds, une femme qui coud, une autre vue de dos, une pièce vid e, parfois un ray o n de soleil, un to it de ch âteau , quel am our du sty le dans cette peinture silencieuse !

Q uelques bons peintres ont été oubliés, q u ’il était difficile de classer dans cette énum ération rapide, te l W illum sen, influencé p ar Gauguin et qui a m ené le com bat pour l’art d ’avan t-gard e. D ’au tres encore, m ais leur p rod u ction dépasse 1900, date à laquelle s ’arrête l’actu e lle m an ifestation. Cette prem ière esposition aura perm is de m ontrer ici les caractéristiq u es de l’ É cole. B eaucoup de goût et le goût de la discrétion : une exécu tion tou jou rs soignée : peu de grandes to ile s; les châssis sont presque tou jou rs de p etites dim ensions. Malgré les vo y ag e s de R om e et de P aris, rares sont les vastes su jets à l ’an tiq u e, m yth ologie ou scènes religieuses.

Ces m aîtres, qui ont vo y a g é sous des cieu x lum ineux, revien nen t v iv re et m ourir chez eu x ; ils peignent a vec ap p lication des p aysages, des p âtu rages, des tro u p eau x, des scènes locales ou de la vie de fam ille, des intérieurs, des portraits.

Ce sont, en plus resserré, les thèm es qui ont fa it la gloire de la peinture h ollan ­ daise (on s’étonne seulem ent de n ’y pas tro u ver plus de m arines). Si l ’on com pare ce génie national à ceu x des voisins nordiques comme il diffère de l ’ idéal de la Suède et de la N orvège !

Peinture bourgeoise a-t-on d it; sans doute, sans grandes envolées lyriques, m ais une sincérité, une honnêteté, une ém otion, d ’au tan t plus a tta ch a n te q u ’elles

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LA PEINTURE DANOISE •i

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sont plus naïvem en t exprim ées. Pas de poudre a u x y e u x , m ais pour les y e u x qui sa v en t vo ir, des joies recueillies, pour les oreilles exercées la chanson d ’une race noble, une m usique de cham bre qu’on n’entendra nulle p art ailleurs.

An d r é De z a r r o i s,

Conservateur adjoint des Musées Nationaux, chargé de la Section des Peintures étrangères du Musée National de Luxembourg (* )•

M . Th i é b a u l t- Si s s o n, Le Tem ps, le 10 juin 1928 :

Les sym path ies profondes qui, depuis tan t d’années, relient le D anem ark à la France ne contribueront pas seules au succès de l ’exposition d’ Art, danois qui s’est o u verte a u jo u rd ’ hui. La naissance et le développem ent progressif, pendant une durée de moins d’un siècle, d ’une école d ’art purem ent nationale, où s’exprim ent le caractère du sol et la m entalité d’une race, est le plus passionnant des spectacles, et ce spectacle nous est offert par l ’ensem ble que nous donne le gouvernem ent danois au Jeu de Paum e. S ’il y a v a it au x v m e siècle des artistes danois, tels que cet Erichsen qui peignit le portrait équestre de Catherine la G rande, ou ce Ju el, e x écu ta n t déjà très rem arquab le, à qui ta n t de belles dames de G enève durent leur effigie, m ais qui em prunta à notre N a ttier le secret de ses m atières beurrées, — voir le p o rtrait de Mme K irc h h o iî — il n ’y eut pas, à proprem ent parler, d ’art danois.

Les rares peintres du tem ps faisaient leur éducation au dehors et ram enaient dans leur patrie les form ules et les m anières de peindre de leurs m aîtres. Le x i x e siècle a v a it déjà tre n te ans de date lorsqu’un essai d’art national fu t tenté par un peintre formé à la discipline de D avid , E ckersberg, et qui é ta b lit sur cette base solide l’enseignem ent q u ’il fournit à ses élèves. Il y a de lui, à cette exposition, d ’excellents m orceaux qui seront encore dépassés par ses successeurs im m édiats, et, entre autres, Jensen, dont le p o rtrait de M ",e Birgitte Hohlenberg décèle une sensiblité délicate et le goût le plus fin. Puis, c ’ est C onstantin H ansen, dont la Jeune fille avec son ouvrage, rem arquab le m orceau directem ent inspiré de V erm eer de D élit, et lieffigie de ses deux sœurs a tteste n t une m aîtrise qui ne sera guère dépassée, après lui, que par H am m ershoï, peintre purem ent adm irable, père de l’école actu e lle de peinture qui n ’est pas représentée à cette exposition, arrêtée par ses organisateurs à l ’année 1900. H am m ershoi est un hom m e qui a m odulé les gris et les noirs avec un a rt et un goût m erveilleu x. Les intim ités, les

(*) Voir Le Figaro artistique, n°

200

, p.

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go.

Dans le numéro de l’ Illustration du

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juin 1928, M. André Dezarrois a également donné un aperçu fort intéressant sur l’Exposition d’Art danois, largement accompagné de reproduc­

tions photographiques des œuvres les plus marquantes.

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La Pe i n t u r e d a n o i s e

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p o rtraits q u ’on vo it de lui ne d oivent pas moins à V erm eer de D é lit que la Jeune fille occupée à un ouvrage de couture, de Hansen, m ais tém oignen t d ’une origin alité de vision qui les égale a u x plus belles créations du grand H ollandais. O n peut même dire que H am m ershôi, dans ses Portes ouvertes et dans ses Tourbillons de poussière, v a plus loin que Verm eer. Il y a du génie dans son cas, et tous les d élicats seront certain em ent de cet avis.

Mais, entre E ckersberg et H am m ershôi, deux ou trois générations de peintres étaien t nées, qui tou tes avaien t fa it faire à l ’a rt n ation al des progrès. Les d eu x tem péram ents les plus curieux de ce groupe furent K ô b k e et M arstrand. Le second fu t très influencé par les arts étrangers, m ais n’ en eut pas moins, dans cer­

taines de ses toiles, et dans son Enterrement plus que dans to u te autre, un accen t à la fois très profond et très personnel; le prem ier fu t un p o rtraitiste exq u is dans les petites dimensions et créa le p aysage danois. Certes, il y a v a it eu a v a n t lui des p aysagistes qui n ’étaien t nullem ent m éprisables, mais dont l’am our du d étail et la dureté rendaient pénibles les œ uvres. K ô b k e inaugura vraim en t au D anem ark le p aysage m oderne, que nous verrons traité, après lui, avec une a u to rité e x cep ­ tionnelle, par Philipsen, émule de nos im pressionnistes, et par R ing. D ans la peinture de figures, les m aîtres du genre ont été, en cette même fin de siècle.

Paulsen, dont le talen t fu t honorable, sans plus, et K rô y er, qui mena de front le p aysage et le p ortrait. On verra, de ce dernier, un p o rtrait d ’hom m e d ’une virtu o sité unique en son genre, et un Déjeuner d'artistes qui v a u t les m eilleurs m orceau x de nos im pressionnistes. C’ est assez dire que cette exposition sera une révéla tio n pour la France.

---Th i é b a u l t- Si s s o n.

M. A rsène Al e x a n d r e, Le F ig aro, le io ju in 1928 :

L ’ exposition d’ A rt danois va être, pendant un mois, à la salle du Jeu de P au m e, un plaisir d’art aussi profond que délicat, en même tem ps que la révélatio n , pour même les m ieux inform és, d’une école supérieurem ent originale dans son a p p a ­ rente m odestie. Certes, nous connaissions, par leurs occasionnelles p articip ation s à nos Salons, des portraitistes m agistrau x, tels que K rô y e r et T u xen . Les peintres de m œ urs a tta ch a n ts, com m e Vigo Johansen, et même quelques-uns d ’entre nous a va ie n t su ivi l ’évolu tion artistiqu e depuis assez d ’années pour avo ir, s’ils étaien t avisés, ressenti l ’ém otion exquise qui se dégageait des intim ités de H am m ersh ôi.

Mais nous doutions-nous de la fine curiosité des p ortraits du x v m e siècle, par exem ple de Jens Juel, ou de ceu x du x i x e com m ençant, qui donnent un charm e si naïf sous le pinceau de C. A. Jensen ? Le p ortrait de Thorvaldsen, par E ck ersb erg, a tteste encore un m aître qui peut se m esurer a vec Ingres.

Mais aussi, quelle délicieuse et subtile sincérité dans ces m enus p aysages où K o eb k e m et ta n t d ’am our de la nature et de la nature de son p ays ! M arstrand est

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I.A PEINTURE DANOISE 27 un intéressant peintre de m œ urs, au tou r hum oristique, et plus près de nous, dans l ’ob servation g rave de la vie, R in g, S yb erg, P eter H ansen sont aussi rem arquables.

P arm i les talen ts culm inants de cette réunion si im p révu e et si su ggestive, il fa u d ra it encore com m enter longuem ent le Portrait de deux fillettes, de C onstantin H an sen ; les p aysages si lum ineux de P bilip sen que je qualifierais non pas d ’im pres­

sionniste, com m e on sem ble le faire dans son pays, m ais de lum iniste ; — enfin l ’adm irable H am m ershoi, qui fu t un Verm eer m oderne, aussi pénétrant, aussi rare, aussi im possible à analyser dignem ent.

A rsène Al e x a n d r e.

M. P au l Fi e r e n s, Le Journal des Débats, le 28 ju in 1928 :

Les Belges ont cédé la place a u x D anois, les v iv a n ts au x morts, les peintres du x x e siècle à ceu x du x i x e et à quelques pionniers du x v m e. L ’exposition organisée par MM. K a rl Madsen, ancien directeur des Musées de Copenhague, W ilhelm H ansen, célèbre collectionneur d’a rt français, et A ndré D ezarrois, conservateur du Jeu de P aum e, révèle au public parisien l’existence d ’une école dont il fau t avo u er que nous connaissions m al les caractères et dont M. K a rl Madsen définit, a v e c beaucoup de justesse, l’originalité quand il écrit : « L a peinture danoise a réalisé ses plus belles œ uvres dans ce que nous appelons aujo u rd ’hui la peinture intim e. C’est là, en même tem ps, sa gloire et sa lim itation. »

On parle souven t, a u jo u rd ’hui, de cosm opolitism e artistique. Mais l’art fu t-il jam ais plus internationalisé que dans la seconde m oitié du x v m e siècle ? Nous étonnerons-nous de voir un Jens Juel (1745-1802) rapp eler tan tô t Greuze et tan tô t les prem iers D avid , alors que son contem porain A b ildgaard, considéré com m e le

« fond ateur de la culture artistiqu e danoise » dut prendre W inckelm ann pour guide, et nous a p p araît une sorte d ’ém nle de Suvée ? Juel est un rem arquable portraitiste.

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n’ est éclipsé, dans ce genre, que par Jensen (1792-1870) dont le ravissan t p o rtrait de Mme H ohlenberg, exécuté en 1826, sera probablem ent tenu pour un ch ef-d ’ œ uvre, et pour le m eilleur tab leau de l’exposition.

L e « père de la peinture danoise », C. V. E ckersberg, fu t à Paris l’élève de D avid.

On s’en douterait rien qu’à vo ir son T h orvald sen en uniform e d ’académ icien, son p récieu x p ortrait d ’une am ie du sculpteur, et son groupe de la fam ille N athanson.

Mais tan dis que Corot peignait à Rom e ses prem iers chefs-d’ œ uvre, E ckersberg, a u x environs de Copenhague, découvrait la nature et préludait, avec un délicat sentim ent des valeurs, à l ’éclosion d ’une école de paysagistes dont P. C. S kovgaard vou s sem blera le plus recueilli, le plus charm ant.

Signalons l ’am usant p o rtrait de la G rande Catherine, en colonel de la garde, à califourchon sur le ch eval « B rillan t ». C’est une œ uvre d’ Erichsen, peintre des

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cours de Saint-Pétersb ourg et de Copenhague. Nous éprouvons une plus v iv e sym p ath ie pour Christen K ö b k e (1810-1848) dont les petites effigies d ’allure populaire, notam m ent les p ortraits des parents du peintre, frém issent d ’une vie profonde et dénotent l’adm irable conscience d ’un coloriste des plus distingués.

D ans la figure et dans le p aysage italien, Constantin H ansen (1804-1880) fa it preuve d ’une finesse qui rachète un peu la froideur de son dessin. Mais W ilhelm M arstrand (1810-1873), un H ogarth nordique, s’inspire des com édies de H olberg et conte avec hum our des anecdotes savoureuses. A illeurs, il sacrifie a u x modes rom antiques et nous ap p araît to u t à coup provincial.

A u m ilieu du x i x e siècle, la peinture de genre règne en m aîtresse et l’invention ne se renouvelle plus guère. E x p lo ita n t le pittoresque des intérieurs rustiq ues, des costum es régionaux, Anna et M ichael A ncher, Christen D alsgaard, Ju liu s E xner, Lorenz Frölich, puis Hans Sm id th et V iggo Johansen réussissent encore à nous intéresser. P. S. K rôyer, élève de B onn at, subit l’influence de R o ll et celle de Besnard, deux artistes dont on rem arque les portraits dans un v a ste groupe :

« Le Com ité de l ’exposition d ’ A rt français à Copenhague en 1888 », groupe où l'o n reconnaît aussi Cazin, G ervex, P u vis de Cha vannes, A rm an d D a y o t, R o ty , etc.

Une salle tapissée de blanc est réservée a u x œ uvres de V ilh elm H am m ershöi (1864-1916). Ce sont des arrangem ents en gris et vert, des sym phonies, des har­

monies d ’une esthétique tou te w histérienne et qui feront im pression par leur flou, leur cu rieux éclairage, leur aristocratique et m aladive pâleur. H am m ershöi est le peintre des silences, des cham bres où tou rbillonn ent des grains de poussière dans les rayons d’nn soleil aném ique.

Q uelques sculptures de Bissen (notam m ent un buste d ’A ndersen, l ’im m ortel au teu r des Contes), de T h orvald sen et de Jerich au, d ’excellents pastels et dessins de Jens Juel com plèten t une exp osition que Paris se doit d’accueillir avec un cord ial em pressem ent.

L ’ A rt danois se recom m ande à notre a tten tio n par une sagesse qui parfois confine à la tim id ité, par une m odestie dont on ne saurait assez faire l ’éloge, par un ferv en t am our du vra i, vo ire du terre à terre. Sa sincérité, poussée ju sq u ’au renoncem ent, ju sq u ’ à l ’effacem ent de l’artiste devant son œ uvre, d evien t ém ou­

v a n te . E t les historiens de l’art retien d ront les noms de : Jens Juel, E ckersberg, Jensen, K ö b k e, M arstrand et H am m ershöi.

P a u l Fi e r e n s.

M . G u y Mo u n e r e a u, L 'É ch o de Paris, le 10 juin 1928 :

Il serait injuste de dire que les conservateurs des Musées parisiens s ’endorm ent sur leurs lauriers. A peine achevée l ’exposition de l’A rt belge, M. D ezarrois nous

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LA PEINTURE DANOISE 29 offre une exposition to u t à fa it curieuse de

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A rt danois du x v m e au x x e siècle, au Jeu de P aum e dont il assure la conservation.

C’ est un tém oignage irrécusable de l ’influence que

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A rt français a exercée dans les p ays nordiques.

Influence d ’ailleurs qui n ’abolit ni la personnalité des artistes ni un sens national très vif.

M ême lorsq u ’ils sont très près des m odèles français, les peintres danois conservent une honnêteté dans le m étier, un sérieux, une m inutie qui restent leur apanage.

Ils regarden t leurs m odèles avec une grande naïveté de cœ ur et exprim en t leurs sentim ents avec une adresse à laquelle il faut rendre hom m age. E t ce m élange donne le plus souvent des résultats très savoureux.

C ’est dès la fondation de l'A cad ém ie R o yale des B e a u x -A rts à Copenhague que l’ A r t danois sous l’influence de professeurs français, com m ence à se d é v e ­ lopper dans sa sphère propre, au m ilieu du x v m e siècle.

É poqu e heureuse où le renom de notre art n ation al oblige les souverains étrangers, q u ’ils soient A llem ands, ou Russes, ou Scandinaves, à recourir à nos m eilleurs peintres, sculpteurs ou architectes !

Pour le D anem ark, cette fidélité au culte de l’ A rt français se poursuivra ju sq u ’ à nos jours.

D ans la grande salle du fond se tro u ven t groupés les peintres danois du x v m e siècle. Il y a loin de cet art sérieux à l ’art p iaffant et désinvolte d ’un l'ra go - nard par exem ple ou à la griffe de B oucher ou à la grasse peinture de Greuze. Mais les ta b le a u x danois de cette époque vous retiennent par je ne sais quelle honnê­

te té (il n’y a pas d ’au tre m ot), par la lim pidité de la lum ière, par leur bonne foi et su rtou t par un m étier im peccable.

Ces sentim ents vous les éprouverez en regardant par exem ple le précieux portrait équestre de la Grande Catherine par Erichsen.

Q uan t à Jens Ju el qui vé cu t à Paris et à Rom e et m ourut à

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aurore du x i x e siècle, vous tro u verez de lui une série de p ortraits où la précision du m étier ne nuit d a u ­ cune façon à la recherche p sychologique, par exem ple dans ces ta b le a u x : La jeune fille de H olstein, la Sœur du peintre, le N a in Bajocco, M "‘ e K irchhoff ou M mr H âge.

E ckersberg, qui fu t élève de D avid et italian isant, est tenu pour l ’un des fond a­

teu rs de la peinture danoise m oderne. On nous offre de lui d excellents tab leau x.

Le plus am usant, peut-être parce q u ’il nous touche de près, est cette vue du Château de Meudon, si délicate et si fine, où

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on vo it des personnages jouer au diabolo. Plusieurs vues de Rom e, le beau p o rtrait très davidien du sculpteur Thorwaldsen et celui de sa m aîtresse, ainsi que la Fam ille Nathanson donnent une idée très nette de son talen t.

Je ne saurais passer sous silence un très beau p ortrait de M mt Ilohlenberg par

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Jensen, non plus que de K ô b k e une délicieuse toile représentant M me Thiele enfant et surtout une Vue de Dosseringen qui est to u t près d ’être un ch ef-d ’œ uvre.

J e n ’insiste pas sur la peinture danoise de la fin du x i x e siècle. On retrou ve dans ces toiles les mêmes qualités que dans les œ uvres dont je viens de parler, m ais a v e c un goût prononcé pour l ’anecdote.

On regardera a vec in térêt les ta b le a u x de M arstrand, auquel on prête ce m ot flatteu r pour nous, m ais injuste pour lui, et, en définitive, très tou ch an t : « Je ne sais pas peindre, je n ’ai jam ais appris à peindre ! Mon Dieu ! que ne suis-je né en F ra n ce.... »

Il fa u t rem ercier nos am is danois, qui sont nom breux, d ’avo ir organisé cette exposition, que le P résident de la R ép ub lique a inaugurée hier m atin.

R ien n ’est m eilleur pour m aintenir et resserrer des liens anciens et pour d éve­

lopper la culture de l’esprit, que ces libres confrontations des œ uvres de d eu x peuples trad itionnellem ent amis.

G u y Mo u n e r e a u.

M. R (ené) J (e a n), Comœdia, le 18 juin 1928 :

L ’a rt de tous les p a ys du monde doit défiler a u x Tuileries. Le Jeu de P aum e ap p a ra ît com m e l ’alb um où chaque année quelque chapitre de l’histoire de l ’A rt est mis en lum ière. Il ne fa u t pas s’atten dre à tro u ver chaque fois des ch efs-d ’ œ uvre à foison. C onstatons a u jo u rd ’ hui sim plem ent que l ’exposition de Y A rt danois pou rrait bien com pter parm i celles qui attireron t le plus grand nom bre de visiteurs.

Les ta b le a u x qui la com posent sont en effet, en leur m ajorité, de ceu x qui plaisent au grand p ublic. Ils racon ten t des histoires, la note sentim entale n ’en est pas exclu e, le côté littéraire l ’em porte sur la saveur pictu rale. P as de nu a u d a cie u x ; la fille p eu t sans craindre venir avec sa mère. Le succès de l ’exposition sera grand et fera honneur à cette peinture, probe et saine, qui ne conn aît pas l ’e x a lta tio n lyrique.

L ’exp osition débute a vec quelques peintres du x v m e siècle : Erichsen, peintre de C atherine II qui nous m ontre l ’im pératrice de Russie sur son ch eval. Ju el qui fit d ’estim ables portraits, A b ild g aard qui em prunte ses sujets a u x diverses m yth ologies, puis E ckersberg, « père de la peinture danoise », qui passa par l’école de D a vid et en resta m arqué tou te sa vie. A m i de T h orvald sen , il fit, d ’après celui-ci, un p o rtrait th é â tra l et ses dons d ’o bservation se m anifestent dans ce groupe de d ix personnes qui constitue L a fam ille Nathanson.

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LA PEINTURE DANOISE

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B endz, son élève, qui d evait m ourir jeune, à 28 ans, a peint, com me les hommes de bronze de la foire Un sculpteur dans son atelier, tandis que chez ses condisciples H ansen et su rtou t D reyer ap p araît ce beau sentim ent du p aysage intim e qui donne un charm e particulier à m aint tab leau danois et qui constitue le caractère le plus a ttira n t de cette peinture. Les toiles du peintre C hristen K o b k e, de J. T.

L u n d b ye ap p o rten t des vu es attiran tes de la cam pagne danoise, sobrem ent tracées, avec une douceur appliquée qui force la sym path ie.

Q uan t à M arstrand, c ’est un agréable illu strateu r qui d’une scène de com édie com pose un tab leau am usant, qui suit avec esprit le déroulem ent d ’ un te x te . C’est lui qui, certainem ent en cet ensem ble, provoquera le plus de com m entaires. Ses illu stration s des comédies de H olberg am useront et les légendes du catalogu e seront lues avec intérêt d evant elles. V oici, com m e docum ents, les titres de quelques-uns de ses ta b le a u x : D eux jeunes filles s’ habillant, la troisième dort encore; La Visite du prétendant; On aide une grosse Romaine à s’ installer sur son âne...

De proche en proche nous arrivons vers les peintres nés au m ilieu du x i x e siècle.

Si la m anière sem ble s’élargir, l’esprit ne change pas. Sans doute peut-on noter ch ez Phibpsen, anim alier et p aysagiste, né en 18/(0, l ’influence im pressionniste m ais la recherche du sujet reste constante et l’o b jet des préoccupations du peintre.

De K royer, né en 1

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1, élève de B onn at, une grande toile m ontre L e Comité de l’exposition d’ A rt français à Copenhague, en 1888; de Johansen, né en 1

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1,

Vers l’ orage, L ’ Anniversaire de la grand’ mère, L a Chambre verte; de Paulsen, né en 1860, Une femme lisant, L a N u it de la Saint-Jean; H am m ershôi, né en 1864, rap p elle Carrière avec ses grisailles et le caractère d ’intim ité de ses ta b le a u x .

Les frém issantes audaces sont absentes. T o u t a p p araît m inu tieu x et précis.

U n grand désir de vérité o b je ctive, une grande honnêteté a guidé ces artistes.

Les paysagistes ont retracé consciencieusem ent l ’intim ité des cam pagnes étalées d eva n t leurs y e u x ; les portraitistes, q u ’ils soient du x v m e ou du x i x e siècle, ont dressé avec une sévère tendresse et un soin p ieu x l’im age de leurs m odèles. De duel à Paulsen et à H am m ershôi, ils ap p ortent les mêmes qualités. E t to u t cela dégage une douceur un peu m élancolique, ouatée de silence qui envelop pe paisi­

b lem ent, com me la nuit qui tom be.

R. J .

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