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H o m m a g e d e l a u t e u r .

T i r a g e å p a r t d e l a

R E V U E

D E S

SCIENCES POÜT[QUES

Publiée avec la collaboration des professeurs et des anciens éléves de l'École libre des Sciences politiques.

PARAIS8ANT TOI S LES DEUX MOTS

T R O I S I É M E S E R I E . — T R E N T I É M E A N N É E

TOME XXXIII. — III. 15 JUIN 1915.

La situation des neutres exposée par des neutres.

I. E. Ehlers. — Danemark 225

II. S. P. Phocas-Cosmetatos. — Gréce 235

III. Axel Ryan. — Norvége 252

IV. P. Roosenburg. — Pays-Bas 267

V. G. de Reynold — Suisse 287

X L'Egypte et les debuts du protectorat 311

Th. Grostern-Gviazdowski. La guerre et le probléme polonais 382

A- T. Une sous-préfecture pendant la guerre 350

M. Caudel. — La diplomatic de Bismarck et la politique de Guillaume II. . 359

L. Morel. — « Munsterbergism » 371

Bibliographie. — Comptes rendus critiques (voir au verso) 375

Analyses (voir au verso) 397

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Jßjf -

I 1/ X

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L I B H A I R I E F E L I X A L C A N

108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS

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L A S I T U A T I O N D E S N E U T R E S

EXPOSÉE PAR DES NEUTRES

I. — DANEMARK:

Vers la fin de juillet dernier, ä la date pour nous mémorable du 27 et ä une heure matinale, la grande place de la Douane de Copenhague vit se former des groupes de membres de « 1'Alliance franyaise » et de »1'Association franco-scandinave ». C'étaient nos coraités qui se constituaient en phalange d'honneur pour recevoir le Président de la République, M. Poincaré. Quelques journalistes frangais, représentants de grands journaux parisiens et pour la plupart nos bons amis (souvenir de la visite de M. Falliéres, il

j a plusieurs années), se trouvaient dans notre compagnie.

Nous étions inquiets, car nous savions que l'Autriche avait déja déclaré. la guerre å la Serbie, mais en Danemark on ét ait encore plutot disposé å s'en soucier trés peu. « Oh! bah ! dans la pres- qu'ile des Balkans on se bat toujours; l'intérét de cette guerre est purement local; c'est la répétition de l'an dernier, lui aussi, cet orage va se dissiper. » Et nous comptions toujours que le Pré­

sident Poincaré nous ferait l'honneur de sa visite, car celle de Stockholm avait eu lieu conformément au programme et le Chef de l'État frangais était en route pour reprendre son poste. Que pourrait-il survenir durant les vingt-quatre heures qu'il sacrifie- rait ä s'arréter dans notre capitale?

Soudain parait le directeur du port, M. Mæller. Il s'adresse å nous et nous lance ces mots magiques : «Télégramme! Visite président remise »,... En un instant cette nouvelle débordait la place; la foule se dispersait, police et troupes défilaient; les pavois

REV. DES SC. POLIT, XXXIII. — 15 juin 1915. 15

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R E V U E D E S S C n i E N C E S P O L I T I Q U E S .

étaient amenés et une tres sérieuse depression des esprits succé- dait å la joie. lia premiere ombre portée de la guerre europé- enne obscureissait le Danemark....

Le Ministre de France, M. Bapst, arriva en voiture sur la place de la Douane et annonga la méme nouvelle. Au moment oü il se disposa t å se retirer, des saluts échangés entre les forts et un arrivant par mer retentissaient dans le port : c'était le croiseur Lavoisier qui faisait son entiée sans nous amener l'illu- stre hote qu'on attendait, déception qui nous surprit å bord, M. Gaussorgues (du Journal) et moi, car le Président avait déjå pris la route directe du Havre par le grand Belt. Le Lavoisier ne touchait ici que pour le courrier ot pour faire du charbon.

Nous eümes juste le temps d'inviter les journalistes frangais et les officiers du croiseur å venir å bord de la Fionia, nouveau bateau å moteur de la Compagnie Est-Asiatique Lå nous atten­

dait un déjeuner princier; mais, liélas! l'état des esprits souffrait, accablé par la crainte de la guerre, t'n peu plus tard le Lavoisier nous regut et nous y vidåmes la coupe d'adieu en sablant le cham­

pagne mousseux venu de ces fameux cbais dont nous ne pouvions pas encore soup^onner la triste destinée, puisque, deux mois plus tard, ils devaient devenir des catacombes de refuge pour une po­

pulation chassée d'une ville maguifique. Il va de soi que ce fut l'occasion d'échanger les meilleurs souliaits partant du fond du cæur entre Frangais et Hanois. Je me rapelle qu'a ce propos je citai aux officiers frangais la devise gravée sur une des cloches de Corneville en Normandie : « Le Danemark est le seul pays en Europe qui n'ait jamais eu de guerre avec la France. »

Le soir il semblait que le vent eüt fait disparaitre de Copen- hague tous journalistes frau\ais, et le lendemain, å la hauteur de Skagen, le Lavoisier échangeait des saluts avec le Hohen- zollern qui avait ä bord l'empereur Guillaume rentrant de Ber­

gen k Kiel.

Vinrent alors, et trop nombreux. des jours d'angoisse sous l'impression écrasante de la declaration de guerre fait.e par l'Alle- magne å la Russie et å l'Angleterre et en face des exploits de biutalité des envahisseurs de la Belgique. Une lueur de consola­

tion pourtant adoucissait le chagrin : l'Angleterre entrait en lice pour avoir raison de cettte infame violation des justes droits d'un pays neutre. Oui, ce furent des journées pleines d'angoisse que

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L A S I T U A T I O N D E S N E U T R E S . - D A N E M A R K . 227

personne d'entre nous ne saurait jamais oublier, si longtemps que nous puissions y survivre.

Ce n'était point assez des affres causées par l'embrasement du globe entier, de l'indignation soulevée par la violation inouie des droits de la Belgique, ni de l'horreur qu'inspirait le massacre de la population civile de Visé : les Danois se sentirent atterés par­

le chagrin et les soucis devant la perspective réservée k notre petit pays.

Plein de crainte, on voyait déja Copenhague envabi; l'on sa- vait combien défectueux était l'état des fortifications de la capi- tale. Plusieurs forts, dont la construction avait été votée, n'étaient pas encore édifiés; il était de notoriété générnle qu'au nord no­

tre front laissait beaucoup ä désirer pour la sureté, et cette la- cune ne fut comblée que longtemps aprés. A la tete de la nation se trouvait un gouvernement de minorité compose de politiciens radicaux, incapables de se maintenir au pouvoir sans mendier l'appui du parti social-démocratique, dont ils se faisaient les serviteurs rampants, quoiqu'ils en fussent nés les meneurs intel- lectuels.

Et, å la tete du ministére de la defense, un militariste-nihiliste de la plus belle eau, le docteur en philosophie Munch, qui ver- balement et dans ses écrits stigmatisait la défense nationale comme une utopie, taxait de dangereuse la tentative de fortifier parce qu'elle implique une provocation et ne voyait dans l'armée qu'un outillage dont on ne devrait jamais se servir.

Au dire de ce remarquable ministre de la défense nationale, le Danemark pouvait se tenir parfaitement tranquille. Aucune puissance du monde ne songerait jamais å attaquer uu petit pays démantelé, démembré, si bien cultivé å tous égards et fabriquant un beurre si excellent; la seule condition était que ce petit pays s'abstint de montrer les dents.

Mais c'est la pratique de la vie qui donne les meilleures le­

mons. Ce méme gouvernement radical qui dans tous les coins et recoins du royaume avait, aux séances d'élection, préconisé comme un des premiers devoirs des électeurs de voter pour le désarme- ment et l'antimilitarisme, a du se résigner et mettre les pouces.

En tout premier lieu il a fallu se håter d'appeler sous les dra- peaux le contingent nécessaire pour la sureté de la capitale. La seconde manoeuvre fut, un peu plus tard, de procéder å la pré-

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298 R E V U E D E S S C I E N C E S P 0 L I T 1 C U E S .

caution de barrer par des mines le passage iles Belts et l'abord des eaux danoises du Sund Est-ce bien de son seul propre chef que le ministere a pris les mesures ci-dessus? Patientons : les historiographes de l'avenir se chargeront de nous le dire.

A propos de ces meines dispositions ministerielles et d'autres, un personnage de haut rang, et qui a d'intimes relations avec le gouvernement, s'est exprimé en ces termes : « Le ministere se trouve assis entre deux chaises, l'une occupée par un Allemand, l'autre par un Anglais. »

Les précautions dont on vient dp parler ont eu au moins un bon effet, celui de calmer un peu la surexcitation extreme des esprits. L'armement de Copenhague en vue d'une Campagne a été poursuivi; les troupes ont été concentrées en masse dans la Sélande et la seule chose dont la population eilt ä souffrir se réduit ä voir les prix hausser, les provisions de charbon dimi- nuer, et l'exportation des produits de l'agriculture se heurter a des difficultés.

Un moment, au mois d'aoüt, le réseau des mines allemandes dans la mer du Nord et les contre-mesures des Anglais mena- cérent méme d'arréter completement cette exportation de produ­

its agricoles qui fait vivre le pays entier.

En effet, le Danemark ivest plus, ä proprement parler, un pays d'agriculteurs. Il est bien loin le temps oü Ton pouvait ici vivre de ses produits. Chaque année, le Danemark doit importer ses céréales et fourrages, surtout de la Thissie, de la Prusse Orien­

tale et des Etats-lTnis.

Le pays danois euniule l'activité agricole et industrielle : il possede une infinite destitutions cooperatives bien organisées qui font l'élevage en grand des animaux reproducteurs et de consom- mation; il s'ayit surtout du bétail qui fournit le beurre vendu en Angleterre, des bétes porcines, dont le lard se vend en Ang­

leterre, et de la volaille dont les æufs vont également dans ce pays. Tout prend la route de l'Angleterre, tandis qu'en temps de paix les frontiéres de l'Allemagne protectionniste sont hermé- tiquement fermées aux produits agricoles du Danemark. Nos grandes compagnies de navigation å vapeur et nos intrépides marins ont néanmoins réussi å maintenir la circulation, mais les debuts de la guerre ont été marqués par la perte de nombreux équipages et beaucoup de navires danois ont sombré dans la

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L A S I T U A T I O N D E S N E U T R E S . - D A N E M A R K . 229

mer du Nord; de grandes valeurs ont été englouties. Les mi­

nes erraient a la derive. Le paysan danois est resté fidele ä son client habituel en temps de paix, l'Anglais. I)es exceptions je ne parle pas; il y a de malhonnétes gens dans tous les pays.

Le danger croissant augmentait sérieusement et dans des pro­

portions inquiétantes les frais de transport, et comme, au com­

mencement de la guerre, nos importations habituelles de céréales et de fourrages provenant de la Russie et de la Prusse Orientale durent cesser, nous fümes forcés d'acheter ces produits aux Etats-Unis, ce qui tit augmenter le chiffre de nos importations d Amérique. Ce chiffre semble avoir inquiété le gouvernement anglais qui y voyait la preuve d'un commerce illicite; mais nous avons besoin de toute cette importation pour les produits suivants.

Au cours des derniéres années nous avons importé des fourra­

ges pour une valeur d'environ 150 millions de couronnes. Le mais et les tourteaux tigurent ici comme partie essentielle. Voici la répartition :

Mai's 41,095,000 oouronncs.

Avome 6,551,000

Orge 4,787,000

Tourteaux coton . 82,167,000

touruesol 24,149^000

arachides 4,845,600

féves de Chine 2,598,000

ehanvre 3,816,000

lin 8,956,000

Son de froment 4,432,000

Pendant les premiers jours de la guerre tout le monde était préoccupé de savoir comment la social-démocratie internatio­

nale accueillerait l'ordre de mobilisation. Serait-il question d'une greve générale? A aurait-il pour les prolétaires de tous les pays chance et possibility de se coaliser pour refuser l'obéissance, ti- rer sur leurs propres otficiers et rendre la guerre impossible ? .Bien souvent nos social-démocrates casaniers, qui ont la supré- matie dans la plupart des conseils municipaux de nos centres industriels, comptent en majorité dans le Folketliing (cliambre des deputes) et sont assez nombreux dans le Landsthing (sénat), avaient fait miroiter cette utopie et je ne nierais pas que nous- memes, quoique toujours méfiants vis-å-vis des déclarations de traternité internationale, nous attendions avec anxiété ce <{ui en résulterait:

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230 R E V U E D E S S C I E N C E S P O L T I Q U E S .

Une bulle de savon qui éclate, la faillite la plus miserable en face d'un programme jusqu'ici préconisé avec tant de vantar- dise....

En Allemagne il ne s'eleva qu'une voix, et encore — dans le desert — celle de Liebknecht. Chez nous les social-démoerates se sont vite caché la téte dans le sable, comme l'autruche du désert å la vue d'un danger. Le seul qui ait eu le måle courage de faire une profession de foi soutenable fut Branting, coryphée de la social-démocratie en Suéde. En Danemark et en Norvége, les social-démocrates se conteuterent de déblatérer lejr verbiage embrumé contre le militari nie.

Les lettres dont mes nombreux amis restés en France m'ont réjoui durant les premiers mois de la guerre forment un ensemble qui répéte sans cesse : « Que devient le Danemark? »

Il semblerait en resulter qu'en certains endroits on caressait l'espoir que le petit Danemark se risquerait ä une demarche con- sidérée par tout Danois sensé comme une tentative de suicide et un coup de démence, savoir : se ranger contre TAllemagne du coté des allies.

Il parait qu'un soupgon dans ce sens aurait surgi dans l'opi- nion allemande, car des les premiers jours des hostilités, les fron- tiéres de l'Allemagne se fermérent pour nous; la surveillance s'y renforga; le Slesvig se vit inondé de troupes — tout un corps d'armée, dit-on — et quiconque, dans le Nord-Slesvig, maniieste- stait des sentiments danois, fut mis en prison. Mais les autorités allemandes n'ont jamais compris la sensibilité intime des Da­

nois, qui savent respecter la loi (Dura lex, sed lex!)

Une insurrection au Slesvig est quelque chose d'inimaginable.

Il ne saurait venir ä la pensée d'aucun Danois de lancer une declaration de guerre å une puissance aussi supérieure que l'Alle­

magne. En 1870 on trouvait encore en Danemaik un petit parti en faveur de la guerre; mais ses plans furent dérangés, — heureuse- ment. Si nous nous étions mis alors du coté de Napoléon III, le Danemark aurait disparu de la carte de l'Europe. Tout esprit d'offensive est mort en Danemark depuis 1864. Or å qui la faute ? En 1864, la France et 1'Angleterre nous ont abandonnés, sans moyens de defense, en proie convoitée par les deux nations qui maintenant, en 1914-15, tiennent en échec tous leurs adversaires européens. Le faucon danois se vit alors couper les ailes et rog-

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ner les serres en sorte qu'il ne reste aujourd'liui de lui qu'un corbeau de triste figure. L'Angleterre aurait du intervenir en 1864, car alors Kiel était encore un port de mer danois. La France aurait du intervenir, car Altona était encore une ville danoise vue de tres mauvais ceil par sa voisine, Hambourg, la puissante cité hanséatique. (En bas allemand, Altona veut dire

« All to nah »; en haut allemand : « all zu nahe », c'est-å-dire trop proche.) C'est alors que messieurs les diplomates auraient du ouvrir les yeux sur l'avenir et ne pas douter que systémati- quement, année par année, la Prusse empiéterait sur ses voisins trop faibles, en 1864 au Nord, en 1866 au Sud, en 1870 ä l'Ouest.

S'ils l'avaient fait, jamais la guerre mondiale de 1914 n'aurait éclaté.

Dans une lettre å Gerlach, en 1857 Bismarck, a déja tiré ses plans : « Aussitot qu'on m'aura convaincu que la Prusse suit une politique same et bien raisonnée, je verrai avec la méme satis­

faction nos troupes tirer sur des Frangais, des Russes, des An­

glais ou des Autrichiens1

On doit reconnaitre ä la nation allemande le mérite d'étre, aux yeux du monde entier, un modele d'exactitude et de préci- sion. Une lettre s'est elle jamais égarée en Allemagne! Y voit-on jamais un train arriver en retard? Que de fois n'ai-je pas été agacé d'assister, en pleine gare de Marseille par exemple, ä de vrais batailles pour s'assurer une place dans un train bondé de voyageurs, de constater des retards désespérants, d'étre å la merci de fonctionnaires subalternes impertinents ou d'une igno­

rance fåcheuse. Pourquoi faut-il que je sois forcé de citer ces mauvais cotés å mes chers amis les Frangais? Ah! c'est parce qu a l'heure présente une vérité doit leur sauter aux yeux, sa- voir que la guerre actuelle est en méme temps une guerre de chemins de fer, dans laquelle les Allemands ont obtenu des ré- sultats écrasants dans les debuts, et que ces résultats ne sont pas dus pour une mince part ä leur aptitude ä transporter des masses de troupes ä des centaines de kilometres, sans aucun re­

tard, méme d une minute. Ce fut aussi pour ce motif que von Breitenbach, ministre des chemins de fer prussiens, recut de 1 I niversité de Breslau le titre de Doctor rerum politicarum

1 Bismarck, Gedanken und Erinnerungen (Pensées et Souvenirs), I, 171.

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232 R E V U E D E S S C I E N C E S P O L I T I Q U E S .

honoris causa. Cette nomination coincida, en novembre 1914 avec celle du general feld-maréchal von Hindenburg, celle de son chef d'état-major Ludendorff et celle du Suédois Sven Hedin.

Hindenburg est déjå, devenu docteur honoraire de plusieurs uni- versités alleniandes, par exemple de celle de Magdebourg. L'Uni- versité de la ville de Kænigsberg, (jue les Russes avaint inenacée si durement, tit des courbettes et nomma Hindenburg docteur honoraire des quatre facultés. (^u'il soit devenu doctor medicinæ honoris causa, tres bien, pas d'objection, car, comine l'a dit tiersdorff en 1535, dans son Formulaire magistral de Chirurgie :

« Arm, Bein abschneiden hat seine Kunst ». — Or, tel officier d'artillerie s'y entend de nos jours. Mais, faire de lui un Doctor theologies! ü tempora, o mores! Les généraux victorieux con- naissent tous cette apothéose. Le 21 octobre, le général von Beseler, conquérant d'Anvers, fut nommé Doctor Ingenii pres l'Ecole supérieure de Technologie de Hanovre.

t^u(! feront les universités de ces docteurs honoraires en temps de paix? Leurs noms figureront-ils dans les programmes d'en- seignement ?

Et l'Université de Gratz! C^ue fera-t-elle du docteur honoraire Potiorek, le « General Feld-Zeugmeister », qui s'empara de Bel­

grade, mais fut force de l'évacuer au bout de liuit jours et toniba en disgrace auprés de l'empereur!

11 n'est aueun pays du monde qui établisse ce genre de pro- miscuité entre le haut commandement des armées et les univer­

sités. L'Allemagne est unique en cela. On ne s'avance pas trop en disant que dans toute l'Allemagne les professeurs d'université et leurs éléves considérent comme le comble des honneurs d'ap- partenir au corps des officiers de réserve de l'armée. Lisez, par exemple, l'article du Berliner Lokalan,seiger du 3 décembre 1914, édition du soir, colonne portant le titre : « Militarismus und Völkerrecht », et émanant de la plume de Bredt, professeur de droit ii lTniversité de Marburg.

Dans sa signature (ci-dessous) on voudra bien noter le decres­

cendo :

LIEUTENANT BREDT Chevalier de la Croix de fer.

D'autre part:

Professeur extraordinaire de droit, Membre de la Chambre des deputes.

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L A S I T U A T I O N D E S N E U T R E S . - D A N E M A R K . 233

Le plus grand honneur de ce professeur extraordinaire est done d'etre lieutenant.

Du reste, voici comment il termine son article : « Le milita­

risme allemand est, apres tout, de plus grande valeur que la somme des droits des gens. »

Que disait Gaston Paris a ses auditeurs du ( ollege de France dans le fracas des obus allemands? (8 décembre 1870.)

« L a s c i e n c e n ' a p a s d ' a u t r e o b j e t q u e l a v é r i t é . . . . C e l u i q u i s e permet, dans les faits qu il étudie, dans les conclusions qu'il tire, la plus petite dissimulation, l'altération la plus legere, eelui-lå n est pas digne d avoir sa place dans le grand laboratoire oü la probité est un titre d'admission plus indispensable que l'habileté. » Dans 1 attitude de 1 Allemagne vis-å-vis de ses voisins, aucun changement appreciable depuis 1870 jusqu'en 1914.

Lisez ce que M. von Giesebrecht a osé affirmer aprés la de­

claration de guerre en 1870 :

« II est faux que la science n'ait pas de patrie1 et quelle plane au dessus des frontiéres que la politique a élevées pour separer les difiérentes sociétés humaines.

« La science ne doit pas étre cosmopolite, elle doit étre na­

tionale allemande.

« La domination appartient å l'Allemagne, parce qu'elle est une nation d'élite, une race noble, et qu'il lui convient, par con­

sequent, d agir sur ses voisins comme il est du droit et du de­

voir de tout bomme doué de plus d'esprit ou de plus de force, d agir sur les individus moins bien doués ou plus faibles qui 1'entourent. »

Lisez^ ce qu écrit M. Adolph Lasson, de Berlin, conseiller se­

cret d'Etat, professeur, docteur en théologie, philosophie et droit dans le périodique Amsterdammer, en 1914 :

« xsous n avons ]>as d amis. Tout le monde nous craint et nous regarde comme dangereux, parce que nous sommes habiles, ac- tits et moralement supérieurs. De toute la terre nous sommes le peuple le plus libre, car nous comprenons l'obéissance. Nous avons pour loi Intelligence, pour puissance la force mentale;

notre triomphe est la victoire de la pensée. C est pourquoi nous

1. Pasteur a dit : «La science n'a pas de patrie; nms tout savant en a une.»

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R E V U E D E S S C I E N C E S P 0 L 1 T I Q U E S

pouvons soutenir la lutte contre de nombreux ennemis, comme en son temps Frédéric II.

« lTne conjuration européenne a répandu sur notre compte un tissu de mensonges et de calomnies. Nous, nous sommeß véridiques Ce qui nous caractérise, c'est l'humanité, la douceur, la droiture de conscience et Les vertus chrétiennes. Dans un monde de mé- clianceté nous représentons l'amour, et Dieu est avec nous. Yous pouvez faire de cette lettre 1'usage qu'il vous piaira. »

Et lisez finalement une « opinion publique » du Berliner Lo­

kal an Beiger, du 10 janvier 1915, intituleé : Pourquoi l'Allemagne doit-elle triompher? (par le docteur Grävell) :

« Parce que l'avenir repose sur le germanisme seul Le roma­

nisme a clos son £re; le slavisme est trop peu développé et l'an- glicisme se perd dans ses propres intéréts égo'istes et matériali- stes. Le germanisme seul, flanqué du scandinavisme et du hollan­

disme (Niederländerthum) qui se symphysent de plus en plus en lui, a assez d'éléments pour donner au monde quelque chose de noveau, de pur et de divin. Un peuple qui, de nos jours, a produit un Richard Wagner, a la plus haute civilisation. Le militarisme n'est que la forme extérieure de la force mentale interne, de la mora- lité et de la solidité. Nos adversaires doivent leur perte au man­

que de ces qualités. La victoire appartient å qui est le plus fort moralement. Siegfried, le liéros de notre tribu, écrase les nains pleins de fausseté et délivre la Walkyrie qui sommeillait; c'est- å-dire que la civilisation de l'avenir se réveillera sous le soleil du germanisme pour vivre d une nouvelle vie. »

L'on pourrait se contenter d'écrire, comme le fit le Militcir- Doochenblatt du 4 aout 1914 : «Wenn Gott, in seiner Gnade uns den Sieg verleihen sollte, dann Vae Yictis! » (Si le bon Dieu dans sa grace nous accorde la victoire, alors malheur aux vaincus!) Nous croyons aussi å la grace du bon Dieu, mais nous espé- rons qu'il aura de la pitié pour les Alllemands, s'ils sont battus.

Misericordia victis!

Professeur EDOUARD EHLERS.

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